Paul Ehrenfest (1880 – 1933)
« L’impression, objectivement injustifiée, qu’il avait de n’être jamais à sa place, le tourmentait sans cesse, le privant souvent de la paix d’esprit nécessaire à une recherche sereine. […] Sa tragédie tenait précisément dans un manque de confiance en lui-même quasi morbide. […] Le plus fort attachement de sa vie était celui qui le liait à sa femme et collaboratrice, son égale intellectuelle. […] Il le lui rendait en lui vouant une vénération et un amour tels qu’il m’a rarement été donné d’en voir dans ma vie. »
Einstein à propos de Paul Ehrenfest
La passion pour la physique théorique
Paul Ehrenfest naît à Vienne le 18 janvier 1880, ses parents tiennent une boutique dans un quartier modeste de la ville. Dernier de la fratrie, il apprend à lire, écrire et compter grâce à ses frères avant même d’arriver à l’école. Elève brillant, il a d’excellentes notes jusqu’à la mort de sa mère, puis de son père six and plus tard, ce qui le pousse à vouloir quitter le lycée. Encouragé par un de ses frères, il poursuit finalement son éducation dans les sciences.
Il se passionne finalement pour la physique théorique. En 1904, fraîchement marié, il se consacre avec sa femme à des questions de physique théorique et plus précisément sur l’interprétation statistique de la thermodynamique. Dans les années qui vont suivre son mariage, Ehrenfest va demander des places de professeur dans de nombreuses universités européennes, mais sans succès. Il obtient finalement, en 1912, une chaire de physique en Hollande : il se révèle être un pédagogue hors-pair, très apprécié de ses élèves. Il organise pour eux des rencontres entre les scientifiques, des séminaires où il invite les plus grands physiciens de l’époque : Pauli, Bohr, Langevin, Einstein…
De la dépression au suicide
Il devient très proche d’Albert Einstein, avec qui il correspondra et qu’il rencontrera régulièrement tout au long de sa vie. Ayant à la fois des soucis d’argent et des problèmes d’estime de soi (il pense être incapable de découvrir des choses par lui-même en physique et être réduit à commenter les découvertes des autres), il est assez régulièrement en dépression. Pourtant, il a introduit des principes nouveaux en physique, notamment concernant les liens de formalismes entre physique quantique et classique, et des interprétations qui permettent de généraliser des principes à plusieurs théories. Néanmoins, il continue de participer à des congrès pendant lesquels il rencontre des physiciens, et se heurte aux toutes nouvelles théories des jeunes physiciens, peinant à les comprendre… Sa vie personnelle est également assez difficile, et entre deux réflexions sur le suicide, il rédige son théorème sur les transitions de phase (le passage d’un état, par exemple solide, liquide ou gazeux, à un autre). En 1933, il finit par tuer l’un de ses fils, Wassik (qui était trisomique), puis il se suicide.
Pour approfondir, voir chapitre « Paul Ehrenfest, l’oncle Socrate », dans Il était sept fois la Révolution.