Les voyages dans le temps dans la littérature de science-fiction
H.G. Wells, dans La Machine à explorer le temps (1895) :
Wells, un précurseur de la relativité ?
Il y a en réalité quatre dimensions : trois que nous appelons les trois plans de l’Espace, et une quatrième : le Temps. On tend cependant à établir une distinction factice entre les trois premières dimensions et la dernière, parce qu’il se trouve que nous ne prenons conscience de ce qui nous entoure que par intermittences, tandis que le temps s’écoule, du passé vers l’avenir, depuis le commencement jusqu’à la fin de votre vie.
[...] Voici ce que signifie réellement la Quatrième Dimension ; beaucoup de gens en parlent sans savoir ce qu’ils disent. Ce n’est qu’une autre manière d’envisager le Temps. Il n’y a aucune différence entre le Temps, Quatrième Dimension, et l’une quelconque des trois dimensions de l’Espace sinon que notre conscience se meut avec elle.
[...] Mais, dit le Docteur en regardant fixement brûler la houille, si le Temps n’est réellement qu’une quatrième dimension de l’Espace, pourquoi l’a-t-on considéré et le considère-t-on encore comme différent ? Et pourquoi ne pouvons-nous pas nous mouvoir çà et là dans le Temps, comme nous nous mouvons çà et là dans les autres dimensions de l’Espace ?
[...] Il [l'homme civilisé] peut s’élever dans un ballon en dépit de la gravitation, et pourquoi ne pourrait-il espérer que finalement il lui sera permis d’arrêter ou d’accélérer son impulsion au long de la dimension du Temps, ou même de se retourner et de voyager dans l’autre sens ?
Extrait de La Machine à explorer le temps, chapitre 1
Le philosophe Alain, critiquant le roman de Wells La Machine à explorer le temps, en vient à soulever des problèmes inhérents aux voyages dans le temps - revoir à ce propos dans la vidéo ci-dessus à 21:01.
Les incohérences liées aux voyages dans le temps
“Cette fiction part d’une idée d’algèbre pure, d’après laquelle le temps est une autre dimension, de même genre que la longueur, la largeur et la profondeur […] II y a donc deux fictions en une. La première est celle de la Belle au bois dormant. Je reste cent ans ou mille ans sans vieillir ; alors, me réveillant, je vois l’avenir. Mais je ne puis revenir pour le raconter à ceux d’il y a mille ans qui sont restés sous la loi commune. La seconde fiction est que l’observateur qui a conduit la machine revient au temps d’où il est parti, retrouve ses amis, et retrouve 1’univers comme l’univers était au départ […] il faut donc qu’il existe en même temps des états de l’univers en des temps différents, ce qui ne va plus du tout. Je ne réfute pas ce roman, qui est beau, mais je tire un peu au clair, il me semble, cette condition du temps, qui est que toutes les choses le parcourent ensemble et du même pas”
Extraits des Propos d'Alain (1923)