Du Big bang à nos jours
Les moments clés de l’histoire de l’univers
Y a-t-il eu un instant 0 ?
La Physique est impuissante à décrire l’Univers avant le mur de Planck. Dès lors, peut-on encore postuler l’existence d’une explosion originelle à l’instant 0, qu’on appelle couramment le Big Bang ?
10-43 seconde
Le mur de Planck
Qu’est-ce que le mur de Planck ? Et comment peut-on l’escalader, alors que nos équations sont incapables de décrire l’univers avant le temps de Planck ?
L’hypothèse de l’inflation
Cette hypothèse cosmologique, développée en 1981, suppose que l’univers primo-primordial – extrêmement dense – aurait connu une phase d’expansion furieusement accélérée, où les distances auraient été multipliées d’un facteur 1050 en 10-32 seconde !
10-35 seconde
Tandis que les particules usuelles (quarks, électrons, neutrinos…) apparaissent, l’interaction forte (qui lie les quarks entre eux) et l’interaction électrofaible (union des interactions faible et électromagnétique) se séparent. Par la suite, l’énergie de la soupe chaude et dense de l’Univers primordial engendre sans cesse des paires particules/antiparticules, qui s’annihilent aussitôt.
10-11 seconde
L’interaction électrofaible se divise en deux : l’interaction faible, responsable de la radioactivité bêta, et l’interaction électromagnétique, à la base de tous les phénomènes électriques, magnétiques, optiques, chimiques.
10-6 seconde
Les quarks forment des hadrons, comme le proton et le neutron, et les antiquarks des antihadrons. Par la suite, le refroidissement « gèle » la production de paires hadrons/antihadrons, et celles qui existent encore s’annihilent. Cependant, un léger excès de matière demeure : plusieurs scénarios tentent d’expliquer cette domination de la matière sur l’antimatière, toujours mystérieuse.
1 seconde
La nucléosynthèse primordiale
Trois minutes cruciales dans l'histoire de l'univers, pendant lesquelles se sont formés des noyaux légers tels que les noyaux d'hydrogène, de deutérium, d'hélium, de lithium et de béryllium.
La nucléosynthèse primordiale
[...]Lorsque la température était d’environ un milliard de degrés et la densité comparable à celle de l’air ambiant, l’univers était une sorte de grand chaudron cosmique, capable d’engendrer des bribes d’édifices matériels, mais se refroidissant au rythme de son expansion. Il y avait là les protons, mais aussi les neutrons, les électrons et les photons, tous très agités, filant dans tous les sens et se percutant sans cesse. Les photons, dont l’énergie était jusque-là suffisante pour briser systématiquement l’union d’un proton avec un neutron, finirent par devenir trop « mous » pour y arriver : les noyaux de deutérium, assemblages d’un proton et d’un neutron, purent donc commencer à se former. Dès leur apparition, ces noyaux de deutérium purent fusionner par paires, ou bien capturer à leur tour un proton, et ainsi former des noyaux d’hélium.
Les mariages de cette sorte allèrent alors bon train, mais ils n’étaient pas systématiques. Certains protons restèrent célibataires. Plus tard, ils servirent de noyaux à l’hydrogène, l’élément chimique le plus léger.
[...]Après seulement trois minutes de ce petit jeu – chocs, mariages et ruptures –, se trouvaient dans l’univers des noyaux d’hydrogène, de deutérium, d’hélium, de lithium et de béryllium. Mais rien d’autre : ni carbone, ni oxygène, ni noyaux lourds. L’ascension vers la complexité se trouvait soudainement bloquée. Il y a une explication à cela : l’univers était déjà tellement dilué par son expansion que les noyaux et les nucléons, trop éloignés les uns des autres, n’avaient plus la possibilité de se rencontrer et de former des noyaux plus gros. Plus de rencontres, donc plus de mariages.
Extraits du Discours sur l'origine de l'Univers
380 000 ans
Le fonds diffus cosmologique
Cartographie du fond diffus cosmologique par le satellite WMAP
500 millions d’années
Tandis que des atomes plus lourds commencent à apparaître, se forment les premières étoiles et les premières galaxies.
Formation des atomes lourds
Les choses n’en sont évidemment pas restées là. Bien plus tard, la mise en route des étoiles a permis la formation des éléments plus lourds, du carbone à l’uranium en passant par le fer, progressivement synthétisés grâce à une succession de réactions nucléaires, dans les étoiles elles-mêmes ou au cours d’explosions d’étoiles massives.
Dans toutes ses phases (primordiale, stellaire ou explosive), la nucléosynthèse est donc partie d’ingrédients de base, les protons et les neutrons, qu’elle a structurés en noyaux de plus en plus lourds.
Extrait de Discours sur l'origine de l'univers
9,3 milliards d’années
Apparition du système solaire
Naissance du Soleil, de la Terre, et plus généralement du système solaire, résultant de la contraction d’une gigantesque nébuleuse sous l’effet de sa propre attraction gravitationnelle.
Il y a 2 millions d’années
Apparition de l’Homme
Si le genre Homo est apparu il y a plus de 2 millions d'années, notre ancêtre le plus proche, à savoir l'Homo sapiens, n'est apparu qu'il y a seulement... 200 000 ans !
L'apparition de l'Homme
La formation de la Terre a eu lieu il y a 4,45 milliards d’années, la vie y est apparue il y a 3,5 milliards d’années et l’apparition de l’homme ne remonte, elle, qu’à 2 petits millions d’années ! Mais que nous disent brutalement tous ces nombres ? Que des objets plus anciens que toute forme de vie sur terre ont bien existé dans le passé de l’univers ; que des événements innombrables se sont enchaînés, dont aucun humain n’a pu être le témoin ; que l’humanité, espèce toute récente en définitive, n’a pas été contemporaine de tout ce que l’univers a connu ou traversé. Loin de là : 2 millions d’années contre 13,7 milliards, cela fait un rapport de 1 à… 6 850 ! Il faut s’y résoudre : l’univers a passé le plus clair de son temps à se passer de nous !
Extrait de Y a-t-il eu un instant zéro ?
13,7 milliards d’années
Nous, aujourd’hui
1915
L’univers devient un objet de science
Il aura fallu attendre près de trois siècles et l'élaboration de la théorie de la relativité générale par Einstein pour que l'idée scientifique de l'univers, déjà formulée par Galilée et reprise par Newton, cède sa place à l'univers en tant qu'objet physique, doté de propriétés spécifiques que l'on peut étudier scientifiquement.
La relativité générale et l'univers en tant qu'objet de physique
Le « physicien de génie », c’est bien sûr Albert Einstein, qui suggéra avec sa théorie de la relativité générale (1915) que la gravitation n’est pas une force au sens classique du terme, mais une manifestation locale de la déformation que la matière imprime à l’espace-temps de notre univers, qui lui-même dicte son mouvement à la matière : sous l’effet de cette interaction entre la matière et l’espace-temps, ce dernier peut se courber, se dilater ou se contracter.
[...] En fournissant les outils conceptuels permettant de décrire les propriétés globales de l’univers (et pas seulement celles de ses constituants, telles les étoiles ou les galaxies), la théorie de la relativité générale a ceci de révolutionnaire qu’elle fait de l’univers un authentique objet physique, précisément défini par sa structure spatio-temporelle et sa composition en matière, rayonnement et toute autre forme d’énergie. L’univers n’est plus seulement une idée : il devient une chose prosaïquement descriptible, un être dépoétisé qu’on peut mettre en équations. [...]
Il a donc fallu trois gros siècles pour passer d’une conception scientifique de l’univers à l’idée que l’univers, la « chose univers » est un possible objet de science. La conception galiléenne n’impliquait en effet nullement que l’univers pût être en lui-même considéré comme un objet physique, susceptible d’être mis en équations comme tous les autres, ni qu’on puisse bâtir une véritable cosmologie scientifique, c’est-à-dire une science qui aurait pour objet – pour seul objet – l’univers en tant que tel.
Extraits du Discours sur l'origine de l'Univers
Hubble et l’expansion de l’univers
En 1929, Hubble observe les mouvements des galaxies et met en évidence une relation de proportionnalité (appelée loi de Hubble) entre leurs vitesses et les distances qui les séparent. Interprétées dans le cadre de la relativité générale, les observations de Hubble montrent que ce ne sont pas les galaxies qui bougent, mais l’espace-temps entre elles qui se dilate.
Années 2000
L’expansion accélérée de l’univers
L'observation des supernovae et l'analyse de la lumière qu'elles émettent ont permis une découverte des plus étonnantes :
La découverte de l'accélération de l'expansion de l'univers
Les résultats [des analyses de la lumière émise par certaines supernovae] obtenus ont montré que ces supernovae sont plus éloignées que ce que prévoyaient les modèles cosmologiques « classiques » ! Ils ont permis de démontrer que l’expansion de l’univers, contrairement à ce qu’on avait imaginé jusque-là, est en phase d’accélération depuis plusieurs milliards d’années. Qu’est-ce à dire ? Dans le processus d’expansion, la gravitation, toujours attractive, fait office de frein : elle tend à rapprocher les objets massifs les uns des autres, de sorte que la matière ne peut que ralentir l’expansion. Mais ce que semblent montrer les mesures dont nous parlons, c’est qu’un autre processus s’oppose à elle en jouant au contraire un rôle d’accélérateur. Tout se passe comme si une sorte d’anti-gravité avait pris la direction des affaires, obligeant l’univers à augmenter sans cesse la vitesse de son expansion.
Quel est le moteur de cette accélération ? Personne ne peut répondre. Prudents, les physiciens parlent d’une mystérieuse « énergie noire » : noire parce qu’on ne la voit pas ; noire aussi parce qu’on en ignore la nature. Une énergie dont la contribution à la masse de l’univers croîtrait avec l’expansion, car elle occupe le moindre recoin de son espace.
Extrait du Discours sur l'origine de l'Univers
La vision d’Hubert Reeves
De l’histoire de l’univers à l’histoire de l’homme
La naissance de la vie et plus particulièrement de l’humanité constitue un chapitre de la belle histoire de l’univers. Mais l’homme est-il en train d’écrire une page plus sombre de cette histoire, lui qui court à sa propre perte en dégradant la nature qu’il maîtrise de mieux en mieux ?
Découvrez la vision d’Hubert Reeves du monde et de l’humanité dans ce texte intitulé :
L’avenir de la vie sur terre